Afin de comprendre d’où viennent les vertiges, il peut être intéressant de parler auparavant de l’équilibre. L’équilibre est un mécanisme complexe, plurifactoriel. Il implique notamment (figure 1), le système nerveux qui doit traiter ultra-rapidement et correctement des informations en provenance d’éléments périphériques, à savoir: les yeux (informations visuelles), l’oreille interne (informations vestibulaires) et les récepteurs musculo-tendineux et cutanés (informations proprioceptives), afin d’envoyer des ordres aux muscles pour qu’ils fournissent une réponse motrice coordonnée qui assure la stabilité du regard et du corps (référence bibliographique [1]). Si les informations visuelles, vestibulaires, proprioceptives sont concordantes, le sujet est en équilibre et l’équilibre est alors une fonction inconsciente. En revanche, une atteinte de n’importe quel des éléments de toute cette chaîne pourra provoquer une sensation de vertige ou d’instabilité (référence bibliographique [2]).
Figure 1 : Organes impliqués dans l’équilibre
https://encryptedtbn2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcROLsHaz6RJSE1wVRWfLGA7Jk4dCnbFsTEjP2rlU5NFM8oCQxSd
L’œil fournit deux informations : il transmet, au système nerveux central, (i) de l’image, formée sur la rétine, ainsi que des variations dans le temps de cette image et (ii) la tension des muscles oculomoteurs externes et les mouvements des globes oculaires. L’information rétinienne donne des indications à la fois sur la position et sur le mouvement du corps dans l’espace (références bibliographiques [3],[4]).
L’appareil vestibulaire, qui correspond à une partie de l’oreille interne, assure, dans une large mesure, le maintien de l’équilibre. Il est formé du labyrinthe osseux et du labyrinthe membraneux. Les mouvements de la tête ou du corps provoquent des déplacements de l’endolymphe, un liquide contenu dans le labyrinthe membraneux, qui transmet une information nerveuse vers le cerveau grâce au nerf vestibulaire, indiquant le changement de position du corps (références bibliographiques 3,4).
Le système proprioceptif nous permet de connaître la position de notre corps dans l’espace, par rapport à la gravité, ainsi que celle des segments de membres les uns par rapport aux autres. Les récepteurs mis en jeu dans la proprioception sont des mécanorécepteurs localisés dans les muscles, les tendons et les articulations. Ils fonctionnent en relation avec les récepteurs de la peau. Les récepteurs du pied ont un rôle prépondérant : ils permettent de donner la différence de pression entre les deux voûtes plantaires, de percevoir les irrégularités du sol et d’y adapter les réflexes d’équilibration correspondants (références bibliographiques [3],[4]).
Les organes et parties du cerveau intervenant dans l’équilibration sont le tronc cérébral, les ganglions de la base, l’aire motrice du cerveau et le lobe pariétal droit, le cervelet (figure 2).
D’après Les mécanismes de l’équilibration chez l’homme. http://equilibre.adslfred.fr/mecanisme/index.html
Les ganglions de la base et le tronc cérébral centralisent, comparent et synthétisent les informations sensorielles transmises par les systèmes récepteurs – appareil vestibulaire, œil et système proprioceptif. Ils commandent le réflexe vestibulo-spinal qui consiste en des ajustements posturaux constants en recherche de la position la plus efficace en matière d’équilibre. Ce réflexe agit donc sur la stabilisation du corps, sur son maintien en position verticale. C’est également lui qui agit pour éviter une chute lors d’un déséquilibre. Ces rééquilibrations se font le plus souvent de manière inconsciente et automatique car le tronc cérébral a enregistré différentes situations de déséquilibre et est donc capable, par comparaison, d’analyser les situations qui se présentent et de déclencher, en fonction de cela, des réactions musculaires programmées (référence bibliographique 3).
Le lobe pariétal droit et l’aire du cerveau consacrée à la motricité déclenchent le réflexe vestibulo-oculaire. Les organes de la vision et l’oreille interne agissent alors sur la représentation corporelle dans l’espace, corrigeant les erreurs dues à des mouvements brusques ou à des sensations de vertige (référence bibliographique 3).
Le cervelet joue un rôle de modulateur de l’équilibre en coordonnant, d’une part les informations entrant dans le système nerveux, et d’autre part les ordres en sortant en direction des systèmes effecteurs. Il commande donc la régulation et la coordination du mouvement. Le cervelet joue également un rôle essentiel dans l’acquisition du mouvement, que ce soit pendant l’enfance ou lors d’une rééducation médicale à la suite d’un accident, en enregistrant les combinaisons d’actions musculaires nécessaires à la réalisation d’un geste donné (référence bibliographique 3).
Comment ce mécanisme de maintien de l’équilibre se traduit il en médecine traditionnelle chinoise ? En médecine traditionnelle chinoise, chaque Organe (cœur, foie, poumon, rate/pancréas et rein), est un système complexe qui comprend (références bibliographiques [5],[6]):
– la réalité anatomique de l’organe,
– une substance vitale dont il assurera la production, la conservation, le renouvellement, la transformation et la circulation,
– une émotion qui sera influencée par l’état de l’organe et qui inversement influencera l’état de l’organe,
– un tissu, qu’il influencera et qui reflétera l’état de l’organe,
– un organe des sens dont la santé et l’acuité dépendront de sa nutrition par l’Organe auquel il est rattaché, et dont il reflétera l’état,
– un aspect mental et spirituel,
– un liquide : chaque Organe est relié à un liquide organique comme les larmes, la transpiration, la salive…
– une couleur qui s’observe essentiellement au niveau du teint,
– un climat excessif peu nuire au bout d’un certain temps à un Organe précis et inversement un Organe faible peut rendre la personne sujette à des agressions par le climat lui correspondant,
– une saveur qui peut traduire une pathologie de l’Organe qui lui est lié. Elle peut également, en excès, léser l’organe correspondant,
– une odeur,
– un son qui renvoie à la tonalité et à la hauteur de la voix,
– une manifestation externe, qui est une partie spécifique du corps qui reflète l’état d’un Organe spécifique et qui est influencée par cet organe, exemple : les ongles, les cheveux…
– un viscère (vésicule biliaire, estomac, intestin grêle, gros intestin, vessie, triple réchauffeur ou système parasympathique)
Selon la médecine traditionnelle chinoise, les yeux et la vue sont liés au Foie. Le sang du Foie nourrit les yeux. Toutefois, c’est par l’intermédiaire des vaisseaux sanguins, qui sont sous le contrôle du Cœur, que le sang va aux yeux (références bibliographiques 5, 6). Ainsi, selon la médecine traditionnelle chinoise, l’équilibre dépend du Foie et du Cœur pour ce qui concerne la vue.
L’oreille, à laquelle appartient l’appareil vestibulaire, est physiologiquement liée au Rein (références bibliographiques 5, 6). Ainsi, selon la médecine traditionnelle chinoise, l’équilibre dépend du Rein pour ce qui concerne l’appareil vestibulaire.
Nous avons vu que les mécanorécepteurs mis en jeu dans la proprioception qui nous permet de connaître la position de notre corps dans l’espace, par rapport à la gravité, ainsi que celle des segments de membres les uns par rapport aux autres, sont localisés dans les muscles, les tendons et les articulations. Une articulation est un lien, une charnière entre deux ou plusieurs os. Une articulation est constituée non seulement des os mais également des surfaces articulaires c’est-à-dire les surfaces par lesquelles les os se touchent, ainsi que les ligaments, les capsules synoviales et la synovie. La médecine traditionnelle chinoise indique que les muscles, les tendons et les ligaments font partie des tissus du Foie. Les os, eux, font partie des tissus du Rein et les capsules synoviales et la synovie du système complexe Rate/Pancréas.
En médecine traditionnelle chinoise, les substances qui constituent le cerveau, la moelle épinière, la moelle osseuse et les os, communément nommées Moelle, ont une origine commune : le Rein. La nutrition du cerveau, elle, dépend du sang du Cœur. Ainsi les activités physiologiques du cerveau dépendent de l’état du Rein et du Cœur (références bibliographiques [5],[6]).
Pour résumer, les éléments périphériques impliqués dans l’équilibre, ainsi que le cerveau appartiennent au Foie, Rein, Cœur et Rate/Pancréas.
Alors que nous parlons du cerveau, des yeux, de l’oreille interne, des récepteurs musculo-tendineux comme acteurs de l’équilibre en médecine occidentale, nous parlons du Foie, du Rein, du Cœur et de la Rate/Pancréas, en médecine traditionnelle chinoise. A priori, il semble n’y avoir aucun point commun entre la médecine occidentale et la médecine traditionnelle chinoise. Pourtant, les deux médecines disent la même chose puisque le cerveau, l’oreille interne, les récepteurs musculo-tendineux, les yeux sont les tissus ou organes des sens, des systèmes complexes Rein et Foie, respectivement. Nous percevons ici une différence fondamentale entre la médecine occidentale et la médecine traditionnelle chinoise. Alors que la médecine occidentale considère isolément chaque organe, tissu, fonction, en médecine traditionnelle chinoise, il ne s’agit pas seulement du fonctionnement purement biologique de l’organe mais aussi de ses relations avec les émotions, les liquides, les sensations et les autres parties du corps.
[1] Ça tourne, ça tourne. Les vertiges. http://reflexe-prevention-sante.cmut.fr/fr/telechargements/guides/22-MTRL34-35-les-vertiges.pdf
[2] Goret, O., Vertiges, http://www.gera.fr/Downloads/Formation_Medicale/vertiges-et-troubles-de-l-equilibre-/goret-145622.pdf
[3] Qu’est-ce que l’équilibre ? www.illouz-osteopathe.com/app/download/5779971173/equilibre.pdf
[4] Les mécanismes de l’équilibration chez l’homme http://equilibre.adslfred.fr/mecanisme/index.html
[5] Eugène, H. Perfectionnement au Kenko Shiastu traditionnel, 2009, Chiron
[6] Maciocia, G. 2012. Elsevier. Les principes fondamentaux de la médecine chinoise. 2nde édition