II.4. Vide de Yin du Rein

Tableau 6: le Rein de la médecine traditionnelle chinoise

Tout comme pour le Foie, exposé précédemment, il n’est pas question de décrire en détail le Rein, mais simplement de focaliser sur les caractéristiques de ce système qui pourront permettre de réaliser des liens entre des causes de vertige décrites par la médecine occidentale et le Vide de Yin du Rein de la médecine traditionnelle chinoise.

Nous voyons que les oreilles appartiennent au Rein. De façon très intéressante, un lien entre les oreilles et le Rein se retrouve en médecine occidentale dans la dysplasie oto-rénale qui associe malformations auriculaires et malformations rénales. De même la médecine occidentale explique bien la relation entre oreille et liquides organiques dans la genèse des vertiges par un trouble de la régulation de l’endolymphe au niveau de l’oreille interne. Aussi est il tentant de rapprocher les pathologies occidentales responsables de vrais vertiges périphériques, qui impliquent l’oreille, des déséquilibres du Rein de la médecine traditionnelle chinoise. Ainsi en va-t-il de la névrite vestibulaire et de la labyrinthite et des causes de ces pathologies. La grippe, la varicelle, les oreillons, l’herpès entrainent une inflammation du nerf qui innerve les canaux vestibulaires provoquant la névrite vestibulaire qui correspond à la perte soudaine et complète de la fonction vestibulaire d’un côté et se manifeste par de grands vertiges, des nausées et des vomissements. L’audition reste normale et il n’apparaît aucun acouphène. Le vertige dure de quelques jours à deux semaines tout au plus, temps nécessaire au cerveau pour réagir et rétablir un bon fonctionnement entre les divers intervenants de l’équilibre. La névrite vestibulaire disparaît le plus souvent sans aucune séquelle. La névrite vestibulaire peut également parfois être d’origine vasculaire.

L’otite chronique, elle, entraine, une infection du labyrinthe ou labyrinthite. Un point particulier peut être fait sur la maladie de Ménière. En effet, consécutive à un œdème, la maladie de Ménière a été traité dans le chapitre des Glaires. S’agissant d’un œdème de l’oreille interne, la maladie de Ménière  pourrait également être rattachée à un déséquilibre du Rein. C’est d’ailleurs, une des propositions de J-C Dubois dans son article, «Traitement des vertiges en médecine chinoise » (référence bibliographique [4]), qui considère que deux théories pourraient expliquer la maladie de Ménière. La première théorie interprète la pathologie comme un vide de Yang du Rein qui entraine une plénitude relative du Yin du Rein responsable d’une accumulation de l’Eau au niveau de la tête expliquant les bourdonnements d’oreille, la surdité, les vertiges. Le Yin du Rein en plénitude se rebelle contre le couple Rate-Estomac ce qui entrainera les nausées et les vomissements. Enfin le Cœur se rebelle contre le Rein ce qui explique les palpitations, le pouls rapide. La seconde théorie considère que la maladie de Ménière provient  d’une plénitude du Foie qui explique les vomissements, les vertiges.

Les tissus attachés au Rein sont les os et la Moelle. En médecine traditionnelle chinoise, la Moelle est une matrice commune qui remplit le cerveau, la moelle épinière et les os et produit la moelle osseuse, de la médecine occidentale. Aussi peut-il paraitre raisonnable de rattacher au déséquilibre du Rein, les pathologies qui touchent le cerveau et les os comme la sclérose en plaque qui est une démyélinisation des fibres nerveuses du cerveau, de la moelle épinière et du nerf optique ou l’ataxie cérébelleuse liée à une lésion du cervelet ou des voies nerveuses en relation avec le cervelet. Toutefois, parmi les origines très nombreuses : génétique, accident… se trouve aussi les tumeurs, auquel cas, il semblerait plus logique de la rattacher aux Glaires. Deplas et Bontoux (référence bibliographique [5]) considèrent que l’existence d’afférences cervicales des noyaux vestibulaires, prenant naissance dans les nerfs propriocepteurs des articulations des trois premiers étages cervicaux, permet d’admettre l’origine cervicale de certaines sensations vertigineuses, ou faux vertiges, lors de lésion due à un traumatisme, une malformation de la charnière cervico-occipitale, de l’arthrose, ou encore d’une atteinte des récepteurs sensitifs de la colonne vertébrale. Ces vertiges s’accompagnent de douleurs cervicales avec limitation des mouvements. Encore une fois, il parait raisonnable de rattacher cette origine cervicale de vertige, impliquant à la fois les os et les neurones, au Rein de la médecine traditionnelle chinoise. Il en est de même de la commotion cérébrale, qui est un ébranlement du cerveau, et des contusions cérébrales qui sont des lésions anatomiques du cerveau.

Le froid étant l’énergie climatique du Rein, on pourrait spéculer sur le rattachement à ce système, des vertiges liés au froid ou à de brusques variations de température.

Le Rein stocke le Jing, substance vitale racine de la vie, qui lorsqu’elle est épuisée entraine la mort. Ainsi, les vertiges de la vieillesse peuvent ils être rattachés au Rein, reflétant un épuisement du Jing du Rein.

Mentionnons ici, à nouveau, la maladie de Parkinson et l’épilepsie. Dans le paragraphe consacré au vertige et au Foie, toutes deux ont été rattachées au système complexe Foie en raison des tremblements et des contractions musculaires qu’elles présentent, qui impliquent les tendons qui appartiennent au Foie. Mais il était également mentionné que cette interprétation était discutable puisque la maladie de Parkinson est une maladie neurologique chronique dégénérative et l’épilepsie est caractérisée par une altération fonctionnelle transitoire d’une population de neurones. Or le cerveau appartient aux Moelles en médecine traditionnelle chinoise, qui font partie du système complexe du Rein. D’ailleurs, selon différentes sources (références bibliographiques [6], [7]), ces pathologies sont rattachées à la fois au Rein et au Foie dans un syndrome de Vide de Yin du Foie et du Rein.